“Écho de terre “, nouvel album de STÉPHANE CLOR [musique expérimentale / Straasbourg]

communiqué

Écho de terre a été enregistré le 18 mai 2023 dans une cavité du Bastion XIV, ancien centre de transmissions militaire à Strasbourg, aujourd’hui transformé en ateliers d’artistes ; j’y joue un violoncelle piccolo à cinq cordes altéré par des préparations et un petit système portatif de freeze avec un transducteur ; certains des enregistrements ont été ralentis ou inversés (*)

l’emballage de la cassette à été réalisé en sérigraphie par Elisa Ostertag et Léa Chemarin à Papier Gachette

Un jour la porte avait disparue ; une cavité secrète dans le bâtiment de garnison ; je m’y aventure lampe à la main ; des toiles tendues flottent dans l’espace comme des voiles qu’un vent immobile gonflerait ; l’air est lourd de la poussière soulevée par mes pas ; je ralentis ; je scrute le temps suspendu, l’écho des jours enfouis sous terre

il y a deux étages : une partie en demi-cylindre, puis, au-dessus, une mezzanine percée d’un trou ovale comblé de planches ; cette brèche coupée dans le béton me donne l’impression d’une membrane qui rend possible la communication entre deux airs ; un poumon filtrant qui oscille de façon imperceptible

la résonance provient de la partie voutée ; une réverbération inhabituelle, sourde et étouffée, comme si le son stagnait sans pouvoir s’échapper et finissait par se diffuser dans les murs ; je décide de m’installer sur la mezzanine, un microphone proche du violoncelle, et de tendre deux lignes pour enregistrer l’écho de l’étage inférieur ; je capte aussi la membrane de bois séparant les deux espaces avec un géophone ; je joue ; j’improvise

les différentes pièces ont été sélectionnées parmi les trois heures d’improvisations que j’ai enchainées ; il y avait quelques fantômes pour m’écouter et des mues de scolopendres en lévitation aux abords de l’espace ; cet opus est une déformation temporelle ; dilatation et contraction ; un écho