“Passage Secret”, nouvel album de KG [Herzfeld]

Douze ans de silence radio. Sans lui, la planète roulait paisiblement sur son axe, mais ceci est de l’histoire ancienne. Réouverture du dossier KG. Principaux faits d’armes, 1993-1997 – KG place des cristaux de souffre sur les minauderies shoegazing du label Creation. 1999 – The Tatami Cissy, méthode de combat rapproché (lutte au sol, corps à corps) paraît sur Antimatière. 2002 – à l’aide de Gooom Disques, il plastique les souterrains de l’usine Warp, sa dernière mission en date au nom prémonitoire d’Adieu à l’électronique. Plus d’une décennie durant, on l’a cru retiré à jamais dans une prison dorée haut-rhinoise, dans un abri antiatomique, collectionnant amoureusement les coutelas. Mais il est de retour. Le monde s’agite : au printemps 2014 , le très en vue label new-yorkais Captured Tracks publie une compilation de premiers 45tours de KG (1993-1997) dans ses fameuses Shoegaze Archives. Parallèlement à cette commémoration, KG désigne du doigt la porte de son Passage Secret : un toboggan stroboscopique de quarante minutes, un dédale de conduits électriques suintant l’exaltation violente. On se laisse droguer par le flux des signaux analogiques tant sur des compositions évanescentes (440, PAIN SEC) que sur des hymnes militaires ( P36, NICHT UMS VERRECKEN) et des pop songs immensément romantiques et intemporelles chantées dans la langue de Tony Holiday (AUSWENDIG, MEIN HERZ SCHLÄGT NUR FÜR DICH). L’art de Rémy Bux, ce personnage cultivant précieusement le fait de ne pas être vu tout en étant omniprésent (Sun Plexus, Ich Bin, Einkaufen, le label Herzfeld lui-même au sens large) passe entre autres par une pratique olympique du sobriquet (“Miroir spéculaire”, “Aigle Noir”, “Randy Zéphir”, “Total cochon”, “Douglas Mc Guire”…) et pourrait avoir pour allégorie le tube CLAQUE-MERDE et son introduction saugrenue. KG, ou la fusion impossible d’une naïveté presque enfantine et de l’auto-dérision la plus désillusionnée. Partenaire technique de longue date d’Herzfeld, l’action man KG avance maintenant à visage découvert. Ce Passage Secret nous ramène à son obsession du son, toujours aussi chirurgicale, à cette puissance sonique qui remue les sens, cette approche viscérale de la musique, loin de tout confort moderne, qu’on accueille à bras ouverts. KG alias Rémy Bux a réalisé le mastering de la totalité des productions du label Herzfeld depuis sa fondation en 2004.